Le sport avant la chimiothérapie : un allié potentiel dans la lutte contre le cancer

Le cancer est une maladie qui touche des millions de personnes dans le monde. Face à ce fléau, la recherche ne cesse d’explorer de nouvelles pistes pour améliorer l’efficacité des traitements. Une récente étude menée par l’Institut de lutte contre le cancer Léon Bérard de Lyon apporte un nouvel espoir : la pratique du sport juste avant une séance de chimiothérapie ou d’immunothérapie pourrait augmenter l’efficacité des traitements.

Une hypothèse prometteuse

Les chercheurs de l’Institut Léon Bérard sont partis d’un postulat intrigant : l’activité physique, pratiquée peu avant l’administration d’un traitement anticancéreux, pourrait en améliorer les effets. Cette hypothèse, si elle se confirme, pourrait révolutionner la prise en charge des patients atteints de cancer.

Une étude préliminaire encourageante

Avant de se lancer dans des essais cliniques à grande échelle, les scientifiques ont d’abord voulu vérifier si les patients étaient en mesure de pratiquer une activité physique malgré leur état de santé. Ils ont donc mené une étude préliminaire auprès de malades atteints d’un cancer du poumon.

Les résultats de cette première phase sont encourageants. Les patients ont montré qu’ils étaient capables de faire du vélo d’appartement, même sous traitement. Cette découverte ouvre la voie à des recherches plus approfondies sur les bénéfices potentiels de l’exercice physique dans le cadre des traitements anticancéreux.

Le témoignage de Franck Barry : un cas prometteur

Parmi les participants à l’étude, le cas de Franck Barry est particulièrement intéressant. Atteint d’un cancer du poumon avec des métastases au cerveau et au foie, il a accepté de pédaler pendant 30 minutes sur un vélo d’appartement juste avant chacune de ses séances de chimiothérapie.

Les résultats ont été spectaculaires. Franck raconte : “Au bout de la troisième chimio, on m’a annoncé que la tumeur avait quasiment disparu et au bout de la quatrième, il n’y avait plus rien. Les médecins n’en revenaient absolument pas. Du coup, ils m’ont enlevé le produit le plus fort”.

Aujourd’hui en rémission, Franck est convaincu que le sport a joué un rôle crucial dans sa guérison. Bien que son cas soit encourageant, les scientifiques restent prudents et soulignent qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives.

Des résultats prometteurs chez les souris

Si l’efficacité de l’exercice physique sur l’amélioration des traitements anticancéreux reste à prouver chez l’homme, les résultats obtenus sur les souris sont très encourageants.

Le Dr Manon Gouez, physiologiste de l’exercice et responsable de l’étude, explique : “On a mené une étude sur des souris. On les a fait courir sur un tapis de course juste avant la chimiothérapie et on a observé une diminution de la croissance de la tumeur après sept jours d’entraînement. On a aussi observé une augmentation du nombre de cellules immunitaires qui sont toxiques pour les cellules tumorales”.

Ces résultats suggèrent que l’exercice physique pourrait non seulement freiner la progression de la tumeur, mais aussi stimuler le système immunitaire pour lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses.

Vers un essai clinique chez l’homme

Fort de ces résultats prometteurs, l’équipe de recherche prévoit maintenant de lancer un essai clinique pour vérifier si les effets observés chez les souris se reproduisent chez l’homme. Cette étape est cruciale pour confirmer l’efficacité de l’exercice physique comme complément aux traitements anticancéreux.

Les mécanismes potentiels

Bien que les mécanismes exacts par lesquels l’exercice physique pourrait améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux ne soient pas encore totalement élucidés, plusieurs hypothèses sont avancées :

  1. Stimulation du système immunitaire : L’exercice pourrait augmenter le nombre et l’activité des cellules immunitaires capables de cibler et de détruire les cellules cancéreuses.
  2. Amélioration de la circulation sanguine : Une meilleure circulation pourrait permettre une distribution plus efficace des médicaments dans l’organisme, notamment au niveau de la tumeur.
  3. Réduction du stress oxydatif : L’exercice régulier pourrait aider à réduire le stress oxydatif, un facteur connu pour favoriser le développement et la progression des cancers.
  4. Régulation hormonale : L’activité physique influence la production de certaines hormones, ce qui pourrait avoir un impact sur la croissance tumorale.

Les implications pour les patients

Si les résultats de l’essai clinique à venir confirment les bénéfices de l’exercice physique avant les traitements anticancéreux, cela pourrait avoir des implications importantes pour la prise en charge des patients :

  • Protocoles de traitement adaptés : Les oncologues pourraient intégrer des séances d’exercice physique dans les protocoles de traitement.
  • Amélioration de la qualité de vie : En plus de potentiellement améliorer l’efficacité des traitements, l’exercice physique pourrait contribuer à réduire les effets secondaires et améliorer le bien-être général des patients.
  • Responsabilisation des patients : Cette approche permettrait aux patients de jouer un rôle plus actif dans leur traitement, ce qui pourrait avoir un impact positif sur leur moral et leur motivation.

Conclusion : un espoir à confirmer

L’idée que l’exercice physique puisse améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux est porteuse d’espoir. Cependant, il est important de rappeler que ces résultats sont encore préliminaires et nécessitent d’être confirmés par des études plus larges chez l’homme.

En attendant, cette recherche souligne une fois de plus l’importance de l’activité physique pour la santé en général, et plus particulièrement dans le cadre de la lutte contre le cancer. Elle ouvre également de nouvelles perspectives dans la prise en charge des patients, en proposant une approche complémentaire potentiellement bénéfique et non invasive.

La recherche contre le cancer continue d’avancer, et chaque nouvelle piste, comme celle-ci, nous rapproche un peu plus de traitements plus efficaces et moins pénibles pour les patients. L’espoir est permis, et nous attendons avec impatience les résultats des prochaines études sur ce sujet prometteur.

Source principale : Europe 1 – Cancer : le sport pratiqué juste avant une séance de chimio ou d’immunothérapie augmenterait l’efficacité des traitements